21 janvier 2015

PORTRAIT – I. Leleu & S. Charbonnel (Temporis Saint-Malo) : « Même pour prendre des décisions banales, nous ressentons le besoin de partager avec l’autre »

Entre Isabelle Leleu, parisienne à l’origine, et Sandra Charbonnel, malouine, l’association professionnelle et l’amitié ont été une évidence. Elles ont créé leur entreprise suite à l’opportunité offerte par le départ du précédent franchisé. Ces quarantenaires, débordantes d’énergie positive, ont retrouvé le plaisir de travailler à travers l’entrepreneuriat.

Rencontre professionnelle en Bretagne

Entre Sandra Charbonnel, attachée à sa ville de Saint-Malo, et Isabelle Leleu, l’itinérante, la rencontre professionnelle n’aurait peut-être jamais eu lieu.

« Après un cursus du BEP au BTS dans le domaine de la vente, et un stage chez Ouest France, j’ai intégré un journal hebdomadaire local, Le Pays Malouin. Pendant huit ans, j’ai proposé l’achat d’espaces publicitaires, en exprimant ce qui m’attirait dans la vente : le contact avec la clientèle, ainsi que le développement et la fidélisation d’un portefeuille. Suite à des modifications au sein du groupe, j’ai décidé de quitter l’entreprise. C’est alors qu’Isabelle, avec qui le courant passait déjà bien au niveau professionnel, a postulé à ma fonction. J’ai commencé à la former pour assurer la transition avec ma clientèle… avant qu’elle ne m’annonce rapidement son départ !», indique Sandra Charbonnel, franchisée Temporis à Saint-Malo.

« De mon côté, mes études se sont orientées vers l’économie. Lorsque j’ai intégré l’école de Commerce et de Management de Paris, une amie, dont le père travaillait chez Philips, m’a conseillé de prendre l’option « finances » car, selon elle, le marketing et la communication sont des matières que l’on peut appréhender en entreprise sans avoir besoin de bases acquises à l’école. J’ai réalisé mon stage de fin d’année chez Carat France, la première régie d’espaces publicitaires de France, avant d’être définitivement embauchée comme acheteuse auprès des chaînes de télévision. Cette première expérience professionnelle, qui a duré cinq ans, m’a notamment appris à être à l’aise avec les chiffres. Il fallait savoir calculer le coût d’une seconde de publicité en rapport avec l’audience touchée pour des clients de toute taille, comme SFR-Cégétel, Paco Rabanne… J’ai ensuite été débauchée par Médiavest pour devenir directrice télé de Procter & Gamble sur des marques à forte notoriété comme Dash, Always, Vizir ou encore Pampers. A 27 ans, je gérais un budget d’un milliard de francs par an… C’était aussi stressant qu’enrichissant, une situation qui génère cependant un certain inconfort personnel. J’ai certes côtoyé des gens brillants et de grandes personnalités comme Jean-Marie Messier ou le patron de France Télévisions, mais ce monde trop rapide, parfois sophistiqué, voire effrayant, ne correspondait pas à ma nature profonde, empreinte de simplicité. Avec mon mari, nous avons décidé de « tout lâcher » lorsqu’une mutation en Guadeloupe lui a été proposée. Durant ces trois années, j’ai profité de l’arrivée de notre deuxième fille, et aussi occupé une place de chef de publicité dans une PME, exigeant de la polyvalence dans les compétences, plus en accord avec mes attentes. En août 2003, pour revenir en métropole, nous avons choisi la Bretagne, et une commune de 3000 habitants où je ne connaissais personne. Je suis entrée à la régie publicitaire d’un journal, Le Petit Bleu des Côtes d’Armor, l’équivalent sur la ville de Dinan de l’hebdomadaire Le Pays Malouin. L’objectif de cette étape de transition était de rencontrer des chefs d’entreprise, de me faire connaître. Après avoir occupé un poste à hautes responsabilités et ambitieux, j’avais besoin de relations sincères et durables. C’est pourquoi je voulais éviter Paris, et le milieu de la publicité, où le paraître prédomine. A Dinan, je repartais de zéro, une rupture bienvenue et en conformité avec ma recherche de simplicité dans les rapports humains. J’ai alors rencontré Sandra, on se ressemblait, une amitié est née », complète Isabelle Leleu, franchisée Temporis à Saint-Malo.

Temporis : d’abord un client

Isabelle Leleu découvre le réseau Temporis par l’intermédiaire de son activité.

« J’avais vendu un an de publicité dans Le Petit Bleu des Côtes d’Armor à l’ancienne franchisée Temporis de Dinan. Toutes les semaines, je passais prendre la maquette de l’encart à faire paraître. Mon très bon contact avec la personne chargée du recrutement des intérimaires, joviale et dynamique, s’est progressivement transformé en une démarche active pour intégrer cette agence d’intérim ouverte depuis à peine six mois, afin de profiter, de l’intérieur, de la joie de vivre qui émanait des équipes. Je ne connaissais pourtant pas le monde du travail temporaire. Cela s’est entièrement décidé sur l’ambiance humaine ! D’abord entrée comme commerciale, j’ai fini directrice financière de trois structures, grâce à un esprit de matheuse et de réelles aptitudes à la gestion. Cette expérience, offrant une vision d’ensemble d’une entreprise, a levé mes appréhensions sur ma capacité, notamment technique, à me mettre à mon compte lors de la création de notre société  », reprend Isabelle Leleu.

« Alors que je formais Isabelle pour reprendre mon poste, elle m’apprend son départ. Bien plus tard, après la naissance de mon deuxième enfant, elle me fait part de la possibilité d’occuper le poste de responsable commerciale à Temporis. Ce que j’accepte volontiers. Un point d’accueil s’était créé à Saint-Malo, une zone dont je connaissais bien la population. Au bout de trois ans, n’étant plus en accord avec les valeurs de ma direction, je quitte  Temporis alors que le métier est humainement passionnant…», souligne Sandra Charbonnel.

Des styles de vie identiques et les mêmes valeurs dans le travail

L’idée de créer leur propre agence Temporis leur est suggérée par un membre de la structure opérationnelle du réseau.

«  Alors que j’étais partie depuis plusieurs mois, Éric[1] me souffle de contacter Laurence Pottier-Caudron. Lors de cette conversation très franche avec la cofondatrice du réseau, l’idée d’ouvrir ma propre agence franchisée prend forme, et je n’imagine ce projet qu’en m’associant avec Isabelle », précise Sandra Charbonnel.

« Nos maris et nos enfants s’entendent bien, nous avons la même vision de la vie en famille et partageons des valeurs identiques au travail, et notre histoire d’amitié, entre deux femmes, deux mamans, est forte. Face à cette opportunité, nos conjoints nous ont conforté dans l’envie de nous mettre à notre compte ensemble, pour notre complémentarité et notre façon de raisonner. On connaissait surtout la valeur professionnelle de l’autre, et on l’avait éprouvée au quotidien. La création d’entreprise n’avait jamais été envisagée jusque là, et les circonstances ont provoqué le déclic »,  ajoute Isabelle Leleu.

« Nous nous parlons beaucoup. Même pour prendre des décisions banales, nous ressentons le besoin de partager avec l’autre, d’avoir sa validation. De façon très naturelle, sans que cela soit une obligation. On ne vit jamais la solitude de l’entrepreneur. Même si la réussite est là, nous sommes restées simples, ce qui est fondamental pour qu’une association dure dans l’entrepreneuriat. Il n’y a pas de rivalité, ni de jugement entre nous. On a conscience des priorités de l’autre au quotidien, ce qui aide à traverser les moments de stress ou les coups durs, et à se ressourcer », déclarent les deux associés

Fonceuses… avec un besoin de sécurité

L’agence de Saint-Malo ouvre le 1er octobre 2010.

« Nous nous sommes posées la question de nous lancer hors réseau ou en franchise. Nous ressentions le besoin d’un apport continu de savoir-faire de la part d’une enseigne pour un métier dont le cadre est extrêmement légiféré et dont nous avions connaissance des risques. De plus, on avait pu observer durant de longues années l’efficacité du fonctionnement d’une entreprise indépendante au sein d’un réseau, à travers des échanges avec la structure opérationnelle du franchiseur. Nous sommes fonceuses, mais nous voulions sécuriser notre projet entrepreneurial. C’est pourquoi nous avons intégré le réseau Temporis, déjà connu dans la région.

Démarrer avec un associé minoritaire, qui nous prenait des intérimaires et nous aidait à atteindre le point mort de notre entreprise,  a convaincu  les banques de nous suivre. Cet ami, qui est aujourd’hui sorti de l’entreprise, a cru en notre projet », indique Sandra Charbonnel.

« Nous sommes installées dans l’une des deux rues où sont situées les agences de travail temporaire, dans un local bénéficiant d’un très bon emplacement. Nous avons alors recruté comme assistante Lucie, qui est toujours avec nous. Au moment de créer, nous débordions d’énergie positive, et notre envie était démesurée. Nous avons obtenu le trophée de la meilleure ouverture, récompensant le nombre d’équivalents temps plein après six mois d’existence. Nos clients sont toujours séduits par la simplicité de notre relationnel, notre philosophie de vie et les valeurs de la démarche commerciale transmise par Pierre Moritel, cofondateur du réseau », termine Isabelle Leleu.

Le moment d’investir

En avril 2013, Sandra Charbonnel et Isabelle Leleu ouvrent une nouvelle agence à Dinan, l’autre ville majeure de leur zone de chalandise.

« Nous sommes toujours restées très fougueuses et prudentes à la fois. Il nous faut bien mesurer les conséquences d’un projet avant de le lancer. Nous avons acquis les murs de Saint-Malo et acheter notre nouveau local, notamment grâce à notre réseau professionnel. Avec deux agences, on se voit beaucoup moins avec Isabelle, même si nous avons préservé un jour de la semaine en commun. Notre développement fait évoluer la façon de pratiquer notre activité de l’opérationnel pur vers davantage de management – domaine dans lequel nous avons encore beaucoup à apprendre -, de délégation de responsabilités, d’organisation », explique Sandra Charbonnel.

« Nous participons aussi à la vie du réseau, notamment aux réunions régionales et aux Commissions Dialogue, Travail et Concertation – Marketing intérimaire, communication -. Nous avons aussi apprécié l’instauration d’un système parrain-filleul pour faciliter les échanges entre franchisés, notamment avec des spécialistes d’un domaine, comme Jean-Claude Vaillant pour le management », relève Isabelle Leleu.

Juste l’envie de se sentir bien dans sa vie

L’association a permis aux deux franchisées de préserver leur vie personnelle.

« J’avais perdu la flamme de travailler avec plaisir, et je l’ai retrouvée avec Temporis. Si mes enfants me disent souvent que je ne pense qu’à Temporis, je suis consciente de bénéficier d’un véritable équilibre familial et professionnel », avoue Isabelle Leleu.

« Notre association nous offre d’être sereines durant les week-ends et les vacances. Nous n’avons pas d’ambitions démesurées, juste l’envie de se sentir bien dans notre vie. Après plus de trois ans d’existence de notre entreprise, il faut encore, chaque jour, être présente sur le terrain, s’investir personnellement, exprimer la valeur travail et montrer l’exemple avec ses salariés », conclut Sandra Charbonnel.


[1] animateur Temporis

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